Le Blog

Tout comprendre des couleurs

Le fonctionnement des couleurs : un doux mélange de magie et de science, de phénomènes optiques et de subconscient. La représentation visuelle et graphique incluant les formes et les couleurs, est un langage universel, sans frontières, par lequel l’artiste communique sans tabou jusqu’à atteindre la profondeur de l’âme. L’art visuel a le pouvoir d’éliminer toute notion d’espace physique ou temporelle. Peu importe l’époque ou la géographie, un chef-d’oeuvre est toujours reconnaissable.

Les couleurs ont un aspect technique (par leurs existence et fabrication), un aspect pratique (par leur utilisation) et un aspect symbolique (par leur signification). Alors que les deux premiers aspects sont universels, le 3e est totalement subjective et empirique.

L’existence des couleurs

Et la lumière fut

Commençons par le commencement. Les couleurs sont naturellement présentes depuis l’origine du monde, cependant c’est Isaac Newton en 1704 qui devient en quelque sorte le révélateur du secret de la décomposition de la lumière blanche. Lumière émise par le soleil. Il démontre avec l’aide d’un prisme transparent que la lumière naturelle est en réalité composée de 6 rayons lumineux de teintes différentes toujours dans le même ordre de manière continue : rouge / orange / jaune / vert / bleu / violet.

spectre visible lumière

Isaac Newton en vient à la conclusion que tout comme les ondes radio, la lumière fonctionne par ondes électromagnétiques aux vibrations de longueur plus ou moins courtes.  L’oeil humain discerne les radiations dont les longueurs d’ondes oscillent entre 800 et 400 nanomètre. Les radiations supérieures à 800nm correspondent à l’infra-rouge et inférieures à 400nm à l’Ultra-violet, qui elles nous apparaissent invisibles car situées au-delà du spectre visible. In fine la perception de la couleur correspond à une longueur d’onde déterminée dans le spectre visible. Et que le mélange de la lumière verte, bleu et rouge, donne une nouvelle lumière blanche.

Mélanges additifs – mélanges soustractifs

La lumière naturelle est en fait composée de 6 couleurs, dont les 3 primaires sont : rouge/vert/bleu (les autres sont des secondaires, elles s’obtiennent pas mélanges des primaires 2 à 2). Une fois ces lumières fusionnées, un faisceau blanc apparaît. On appelle alors ce mélange une synthèse additive. Ce phénomène est valable pour les lumières émises.

Ensuite, une fois les lumières réfléchies sur les objets, nous pouvons alors appréhender notre environnement. Ces couleurs perçues suivent quant à elle le principe de la synthèse soustractive. On parle aussi d’un phénomène physique, car il s’agit ici du rapport entre l’objet matériel et notre oeil. Ces couleurs mélangées ensemble donnent du noir.

C’est pourquoi le fonctionnement des couleurs et de leurs mélanges varient selon si vous êtes scientifique ou artiste. Les couleurs fondamentales de l’éclairagiste et du physicien ne sont pas les mêmes que celles de l’illustrateur et du peintre.

La perception des couleurs

Contrairement à ce qu’il est facile de croire, la couleur d’un objet ne dépend pas de lui-même, mais uniquement de la lumière et de sa faculté à absorber ou renvoyer les rayons lumineux. Par exemple, le citron ci-contre n’est jaune qu’à la lumière blanche. Selon la lumière émise, il nous apparaît ici vert, rouge ou bleu.

Explication; Le citron ne nous apparait jaune uniquement parce qu’il absorbe le rayon bleu mais rejette le vert et le rouge (synthèse additive : vert+rouge = jaune), mélange renvoyé jusqu’à notre oeil. Un objet rouge ne nous apparait rouge uniquement parce qu’il absorbe tous les faisceaux sauf le rouge. Etc.

L’utilisation des couleurs

Le mélange optique

Abordé à plusieurs reprises lors d’articles précédents (au sujet de Delacroix et des contrastes), l’ouvrage du chimiste Eugène Chevreul en 1839 a poussé la compréhension encore plus loin. Sa théorie “De la loi du contraste simultané des couleurs et de l’assortiment des objets colorés” démontre que l’oeil a naturellement tendance à fusionner les couleurs proches les unes des autres. Le mélange opérant par simple perception, notre oeil subit ce qu’on pourrait qualifier d’effet d’optique. Les couleurs s’influencent entre elles et jouent de nous, Les Impressionnistes, et surtout les Pointillistes ont très bien su mettre en pratique cette théorie, en ne réalisant non pas leurs mélanges de couleurs sur la palette, mais par simple juxtaposition de touches sur le support. Une zone qui nous apparaît violacée avec la distance est en fait une juxtaposition d’une multitude de petits points rouge et bleu. Ce phénomène est alors appelé mélange optique.

Les contrastes colorés

Mais ce n’est pas tout. Les peintres occidentaux post-industrialisation de la 2nd moitié du XIXe siècle ont su révolutionner la peinture grâce à l’application de ces théories scientifiques dans la pratique de leur art. Le phénomène qui a été observé puis compris est celui des contrastes. Révolu le temps du clair-obscur et de l’obscurantisme académique, le noir et le blanc ne sont dès à présent plus les seuls à représenter l’ombre et la lumière dans leur contraste le plus extrême. Les contrastes, les oppositions, les distances, le chaud, le froid, tous ces effets et phénomènes s’obtiennent et se maîtrisent grâce à la création du cercle chromatique.

cerclechromatiqueVoici avant tout quelques explications ou rappels :

Couleurs primaires : Cyan – Jaune – Magenta. Elles sont primaires car elles ne s’obtiennent par aucun mélange d’autres couleurs. Elles sont la base chromatique puisque c’est à partir d’elles que se créer absolument toutes les autres couleurs. Le cyan, le jaune et le magenta sont donc les fondatrices.

Couleurs secondaires : Vert – Orange – Violet. Celles-ci correspondent au mélange 2 par 2 des primaires en proportions égales. On obtient donc le orange (jaune + magenta), le vert (jaune + bleu), le violet (magenta + bleu)

Couleurs complémentaires : Elles fonctionnent forcément par pair, une couleur n’est complémentaire que par rapport à une autre, en l’occurence celle qui lui est diamétralement opposée sur le cercle. Par exemple le vert est la complémentaire du magenta, le jaune est la complémentaire du violet. La complémentarité trouve son interêt dans ses mélanges et son influence. En lumière, deux faisceaux de couleurs complémentaires donneront une lumière blanche, et en peinture, deux couleurs complémentaires créeront un gris/noir, comme on a pu le voir précédemment lors des mélanges soustractifs et additifs. Ce résultat est logique puisque mélanger 2 complémentaires revient à mélanger l’ensemble des primaires (jaune + violet = jaune + rouge + bleu). Par conséquent pour foncer une couleur, le peintre n’a nul besoin d’un nouveau tube de peinture supplémentaire, l’ajout de la complémentaire suffit. D’autre part, E. Chevreul a constaté que le contraste généré par l’opposition de deux complémentaires était aussi efficace et puissant qu’avec le noir et blanc.

Couleurs chaudes / couleurs froides : Thématique déjà abordé et analysé lors d’un précédent article : couleurs et contrastes. Les couleurs chaudes/froides se distinguent par une division en 2 du cercle chromatique en son diamètre, elle sont appelées ainsi en raison de leur effet sur notre inconscient. La séparation entre les deux catégories a lieu plus ou moins du jaune-vert au violet-rouge. Les couleurs chaudes étant le jaune, orange, rouge, elles nous évoquent le soleil ou le feu. A contrario, les couleurs froides étant le violet, le vert et le bleu, elles  évoquent en nous l’hiver et l’eau par exemple. Raisonné ou pas, il s’avère que les couleurs froides agissent sur nous avec un sentiment d’éloignement, comme si ces couleurs étaient plus lointaines que les couleurs chaudes. C’est pour cette raison que les plans rapprochés sont réalisés dans des teintes chaudes, tandis que les plans éloignés dans les teintes froides. De cette manière les perspectives atmosphériques sont parfaitement réalisées, d’autant plus si en ajoute à ce jeu le noir et le blanc. Blanc qui entre dans les teintes froides, et noir dans les teintes chaudes. Plus un élément prend de la distance, plus il se refroidit et pâlit.

Une couleur n’est jamais réellement seule, neutre et isolée, elle est toujours influencée par son environnement. Une couleur est tout à fait subjective, dans sa teinte, sa perception, et sa symbolique. Si nous mentionnons le rouge, la teinte à laquelle vous pensez en ce moment même sera très certainement différente de celle à laquelle pense votre voisin. L’agissement des couleurs sur notre inconscient dépend également de notre culture et de notre ressenti, il y a là un aspect totalement personnel et empirique de la perception. Alors que le blanc est symbole de pureté dans notre culture occidentale, il en revanche la couleur du deuil dans de nombreux autres pays tels que l’Inde et le Viet Nam entre autres. Le jaune légèrement orangé peut être chaleureux et accueillant pour beaucoup car il rappelle le soleil, la chaleur, l’été, etc, alors qu’un jaune plus clair et lumineux, tel que le jaune citron, peut faire appel à l’acidité du citron, aux sons aigus et nous paraître alors agressif ! De plus, nous percevons les couleurs des objets en fonction de ce que nous savons, et non de ce qu’il en est réellement. Une chemise a beau être blanche, il y aura très certainement des ombres violacées, des lumières orangés, à l’instar de la jeune fille à l’ombrelle de Monet.

Je dédicace cet article à tous les daltoniens pour qui la lecture n’a pas du être chose aisée et agréable, mais qui comprennent mieux que quiconque la subjectivité des couleurs 🙂

Vous aimerez peut-être aussi ...

Les défis créatifs

Venez relever les 20 challenges pour stimuler votre créativité. Amandine Gilles vous propose des exercices de moins de 5min, accompagnés d’explications détaillées et de démonstrations.

En savoir plus
S’abonner
Notification pour
12 Commentaires
Le plus récent
Le plus ancien
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Lola
Invité
03/03/2022 15:12

Merci beaucoup pour cet article j’ai beaucoup appris 🙂

Selli Lucie
Invité
04/10/2020 17:40

Merci Amandine, pour toutes ces précisions ! vos explications sont claires !
maintenant il faut bien appliquer !!! je peins depuis une dizaine d’années , ces cours aussi me servent
pour donner des explications à ma petite fille .
on à toujours besoin de revoir les cours de mélange de couleur
Je vais bientôt m’inscrire à vos cours , car je ne vais plus à l’atelier !!!

Amandine GILLES
Invité
Répondre à  Selli Lucie
05/10/2020 09:27

Bonjour Lucie, merci à vous !
Voici le lien vers la formation complète en ligne : https://formation.techniquedepeinture.com/osez-reveiller-l-artiste-en-vous

AtyPictures
Invité
29/02/2020 10:02

Merci pour cet article que j’ai découvert via le Mooc orange sur les couleurs. En tant que photographe, il me paraissait essentiel de comprendre la symbolique des couleurs

Turpin
Invité
25/05/2019 16:53

Je suis admiratif et motiver à créer de la vie à peindre merci à vous

Marc-Sanchez-Photographie
Invité
20/05/2019 09:06

Bonjour et merci pour cet article très bien écrit.
Je m’intéresse aux couleurs non pas pour peindre mais pour la photographie (peindre avec la lumière). De plus je vous remercie pour la dédicace car je suis effectivement daltonien 😉
Marc

Thiers
Invité
03/10/2018 08:33

Bonjour

fut une époque où je lisais Johanes Itten dont la théorie aujourd’hui me paraît obsolète… Votre exposé me paraît excellent…
Pour le peintre amateur, il s’agit ici de la base qu’il doit connaître…
Ensuite se trouve les subtilités inhérentes aux peintures proposées dans le commerce et de voir que certains pigments (je n’emploierai pas le mot ce couleur pour éviter la confusion), certains pigments sont plus ou moins adéquates..
Rien ne remplace la pratique et pour les débutants, l’échange avec des plus chevronnés,

merci pour votre temps
Daniel

DROUIN gérald
Invité
21/02/2018 16:28

Bonjour Amandine
C’est de très loin la meilleure présentation sur les couleurs et de loin que j’ai pu lire sur le Net ou dans les livres que j’ai achetés.
Peut être faudrait-il écrire plus systématiquement Lumière émise ( en précisant bien qu’il s’agit d’une source de lumière :soleil,ampoule électrique,écran Tv , etc…) et Lumière réfléchie ou mieux renvoyée par un objet. Il vaut mieux les redites que l’incompréhension.
Merci beaucoup

Elo
Invité
05/02/2018 08:01

Bonjour,
Petite coquille à vous signaler, pas très importante car on comprend bien que vous maîtrisez le sujet 😉 Au début du paragraphe sur les mélanges additifs : la 2e primaire n’est pas le vert mais bien le jaune 🙂
Bonne journée et merci pour ce chouette article

Elo
Invité
Répondre à  Elo
05/02/2018 19:20

Au temps pour moi. Merci pour cette précision. Je suis heureuse de mon erreur car autrement je serais passée à côté de cette subtilité 🙂

Amandine GILLES
Invité
Répondre à  Elo
05/02/2018 10:04

Bonjour, merci pour votre commentaire ! Si nous parlons bien du mélange additif, alors les 3 primaires sont bel et bien le rouge, le bleu et le vert. Je maintiens mon propos. Ces 3 primaires sont celles de la lumière, pas celles des pigments ou autres perceptions des objets par l’oeil (mélanges soustractifs pour le coup). Bonne journée également

bahloul
Invité
27/01/2018 16:17

bonjour,
Je trouve votre site riche en thèmes. Aborde différente technique, je sens un certain travail professionnel.